Série Chambres Partition pour chambre à lumière #10 (Hommage à Robert Irwin)

2012

6’11”

La série Partitions pour chambre à lumière, commencée en 2007, explore dans le temps et dans l’espace les possibles colorés et sensoriels de la voluminosité (volume et lumière) à l’aide de vastes chambres de lumière construites in situ et de programmations informatiques conçues à la manière de compositions musicales.

Hommage à Robert Irwin nécessite cinq minutes d’adaptation à l’obscurité avant de pouvoir accéder à l’installation. La partition, fondée sur l’interaction de niveaux extrêmement faibles de lumière, joue sur l’attente, la surprise, le dévoilement et les métamorphoses de l’attention.

Partition pour chambre à lumière #10 (Hommage à Robert Irwin) est une œuvre qui prolonge les questionnements soulevés par Robert Irwin à la fin des années 1960 lorsque, dans une démarche de démantèlement de l’acte pictural, il mit progressivement en doute la marque, la ligne, les bords de la toile puis le cadre au point où dans un processus de réduction, de dissolution de la forme et de l’objet, toute son attention se porta sur l’ombre, transformant ainsi l’objet tableau en « pure lumière et espace » (pure light and space).

La série des Discs, à mi-chemin entre peinture et sculpture, marque un tournant dans ce processus de démantèlement, sa recherche picturale passant d’un « art non référentiel » à l’idée que « l’art est une non-chose », étape décisive et néanmoins transitoire puisqu’ensuite, poursuivant ses questionnements dans l’espace tridimensionnel, il associera à l’ombre (et à la lumière) la notion d’atmosphère, parvenant à l’idée d’un « art du non-objet », qu’il décrit aussi comme « un art du phénomène ».

Partition pour chambre à lumière #10 (Hommage à Robert Irwin) prolonge la recherche d’Irwin sur l’importance accordée à l’ombre et à la lumière dans toute expérience esthétique et plus précisément, dans le cas d’Irwin et dans la démarche plastique qui est la mienne, dans toute expérience phénoménale.

Si dans la série des Discs, Irwin parvient à susciter le doute sur la matérialité du disque par un travail sur la lumière et l’ombre, par une dissolution de la matière et de ses contours par la lumière, dans Partition pour chambre à lumière #10 (Hommage à Robert Irwin), il s’agit de créer ou d’effacer la perception d’une forme, en l’occurrence d’un disque, de façon totalement immatérielle (sans disque réel et sans lumière focalisée). Il s’agit de susciter des perceptions de forme à partir de la seule lumière et de l’ombre, alors que cette ombre n’en est pas véritablement une mais fonctionne plutôt comme une ombre de notre attention.

Partition pour chambre à lumière #10 (Hommage à Robert Irwin) est une œuvre posant les jalons de ma démarche plastique qui vise à faire en sorte que l’œuvre se manifeste en dehors ou à côté de toute propriété objective réelle.

[En raison de sa très faible luminosité, Partition pour chambre à lumière #10 (Hommage à Robert Irwin) n’est pas photographiable. Elle répond par le moyen de la lumière à l’œuvre de Robert Irwin figurant à droite].

Matériaux : Placo-plâtre, peinture, lumière fluorescente, programmation.

Dimensions salle, chambre, ouverture : : salle 15 m x 10 m ; chambre 9 m x 3 m ; ouverture : 6 m x 25 cm.

Exposition personnelle Lenteurs à l’atelier L’Usine, Couiza, Aude (22-30 septembre 2012).