« Ambivalences de la lumière : expériences, représentations, théorisations »

Colloque international « Ambivalences de la lumière : expériences, représentations, théorisations » organisé par Charlotte Beaufort et Marylène Lebrère pour le Centre Inter-Critique des Arts et des Discours sur les Arts (CICADA, EA 1922) et l’Institut de Recherche sur l’Architecture Antique (IRAA, USR 3155-CNRS), dans le cadre de la Fédération de recherche « Espaces, Frontières, Métissages » de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.  9-11 octobre 2014, à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.

CONFINS ET VOISINAGES: LES ARTS DANS LA TOPOLOGIE DES CHAMPS DU SAVOIR, 3

Ce colloque est le troisième volet d’une série visant à réunir autour d’un thème commun les réflexions interdisciplinaires de spécialistes des arts, des sciences humaines et des sciences exactes. L’exploration d’un thème commun est l’occasion de sonder les frontières, les porosités et les métissages entre arts, sciences humaines et sciences exactes. Les deux colloques précédents s’intitulaient :

– « Confins et voisinages : les arts dans la topologie des champs du savoir, 1 : Sciences, fables, chimères : croisements » (juin 2011)

– « Confins et voisinages : les arts dans la topologie des champs du savoir, 2 : Empreinte, imprégnation, impression » (juin 2012)

AMBIVALENCES DE LA LUMIÈRE. EXPÉRIENCES, THÉORISATIONS, REPRÉSENTATIONS

La lumière rythme et détermine la vie de l’homme. Luminosité et chaleur conditionnent la survie, l’agriculture, l’élevage. Source de vie, la lumière a toujours été un objet d’observations, d’expériences, d’expérimentations, d’élaborations imaginaires et intellectuelles chargé de valeurs symboliques fortes. En elle, se croisent interrogation scientifique, émerveillement esthétique et investissement symbolique et religieux. Ce colloque interrogera ces ambivalences de la lumière, à la croisée des arts et des sciences, où interagissent expériences sensibles, représentations et théorisations scientifiques, artistiques et culturelles.

Condition déterminante de notre rapport au monde, la lumière a été l’objet privilégié de tous les savoirs et savoirfaire qui se sont préoccupé de méditer, d’expérimenter, d’organiser, d’esthétiser, de décrire ou de spéculer sur notre accès au visible (et à l’invisible). Il faut songer ici aussi bien à l’optique qu’à la physique, à la philosophie de la perception et aux sciences cognitives qu’à la métaphysique et aux religions, mais aussi aux arts visuels dont le matériau primordial—avant les formes, les volumes et les couleurs qui en découlent—est nécessairement la lumière.

On s’interrogera donc, dans des perspectives historiques, archéologiques et anthropologiques, sur la diversité des expériences perceptuelles de la lumière, sur les savoir-faire techniques et les représentations symboliques et artistiques dont elle est le matériau direct ou indirect, sur les approches scientifiques dont elle a fait l’objet, et enfin sur la manière dont elle a diversement mis en interaction ces divers champs. Ainsi, on pourra interroger comment l’architecture a évolué avec ses valeurs symboliques et la prise en compte de son impact sur le vivant et la perception ; comment, condition de l’apparition du monde, la lumière fut scrutée par les artistes visuels, de l’Antiquité à nos jours, aux confins de l’optique, de la physique et de la psycho-physiologie de la perception ; ou bien encore comment aujourd’hui, après Moholy-Nagy et les artistes du Light and Space californien, artistes et scientifiques, explorant les nouvelles technologies de la lumière (écrans, lasers, etc.), interrogent et refaçonnent notre expérience et nos pratiques diurnes et nocturnes du monde.

La lumière est en outre un matériau fondamental pour les scientifiques qui en analysent les propriétés exceptionnelles—sa vitesse et sa capacité à transporter de l’information, par exemple—et pour les techniques qui les exploitent, ce qui la situe encore aux confins des arts, des sciences et des technologies de pointe. C’est que la lumière est elle-même de nature ambivalente. Ondulatoire et corpusculaire, matérielle et immatérielle, éblouissante ou crépusculaire, phénomène physique et psychophysiologique, source de visibilité et de chaleur, condition de la clarté et de l’illusion, au principe des couleurs mais aussi déterminante dans notre perception des surfaces, des volumes, des textures ou d’atmosphères contrastées et donc dans notre conception (religieuse, mythologique ou scientifique) du monde, la lumière est l’objet d’expériences, de perceptions, d’expérimentations, de représentations et de théorisations qui ne cessent de mêler les catégories. Cette ambivalence, voire cette polyvalence du phénomène lumineux, aux confins de multiples domaines (arts, sciences, philosophie, religions, vie quotidienne, etc.) fera l’objet de ce colloque. Que nous dit la lumière de la porosité de ces champs de l’expérience et de l’expérimentation humaine ? Que nous disent ces ambivalences à propos de la lumière, c’est-à-dire, à propos du rapport de l’homme au monde et à la vie ?

Les arts, les sciences et les humanités trouvent dans la lumière un terrain où se posent des questions essentielles sur ce que sont l’art, la science, le monde, leurs interrelations et leurs frontières. Sollicitant des approches artistiques, esthétiques, historiques, archéologiques, philosophiques, scientifiques et épistémologiques, ce colloque sera l’occasion, à partir de l’exemple de la lumière, de sonder les confins, les porosités et les interfécondations des arts, des sciences humaines et des sciences exactes.

Programme